Égypte : ouverture des bureaux de vote pour les élections législatives
Ce lundi 28 novembre, les Égyptiens ont rendez-vous avec les urnes pour les premières élections législatives depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011. Un scrutin historique qui se déroule néanmoins dans un contexte de crise politique marqué par plusieurs jours de manifestations en hostilité au gouvernement du maréchal Tantawi.
Avant même l’ouverture des bureaux de vote du Caire prévue à 8H00 (6H00 GMT), des files d’électeurs se sont déjà formées. Les Égyptiens viennent participer aux élections législatives, premier rendez-vous avec les urnes depuis la chute du dictateur Hosni Moubarak, chassé du pouvoir par la rue en février 2011.
Les Frères musulmans favoris
Les électeurs égyptiens sont confrontés à un échiquier politique éclaté sur lequel le mouvement des Frères musulmans apparaît d’ores et déjà comme étant la force politique la mieux structurée. Écartée de la sphère politique pendant des années, elle fait son grand retour en tant que parti sous le nom de « Liberté et justice ». Face à elle, les Égyptiens auront le choix de voter pour les libéraux ou la gauche, encore mal structurés, et pour des dizaines de partis salafistes (fondamentalistes musulmans). Des anciens caciques du pouvoir de Moubarak tentent eux aussi leur chance en indépendants ou au sein de nouvelles formations politiques.
Un tiers des gouvernorats en Égypte, dont le Caire, Alexandrie ou encore Louxor (Haute-Égypte) est concerné par ce premier tour, soit 17,5 millions d’électeurs sur 40 millions potentiels. Chaque tour durera deux jours.
Le système électoral égyptien est complexe. Il prévoit un découpage du pays en trois régions votant successivement. L’élection pour l’Assemblée du peuple (chambre des députés) se déroulera jusqu’au 11 janvier 2012, puis sera suivi du 29 janvier au 11 mars par l’élection de la Choura, la chambre haute consultative. Au menu des prérogatives du futur Parlement : nommer une commission chargée de rédiger une nouvelle Constitution, étape décisive dans la transition du pays vers la démocratie.
"Avant, voter ne servait à rien"
Pour l’heure, sur place, les électeurs expriment avant tout leur désir d’utiliser enfin leur droit de vote après 30 ans de règne sans partage du président Hosni Moubarak. À Zamalek, quartier chic du Caire, ce sont plusieurs centaines de personnes qui font déjà la queue sous le regard des observateurs américains.
« Je suis malade et je n’avais pas prévu de venir, mais avec ce qui s’est passé récemment, j’ai pensé que je devais voter », affirme Samira, 65 ans. « Pendant trente ans nous sommes restés silencieux, maintenant c’est fini », confie-t-elle. « L’élection du parlement n’est pas la fin, ce n’est que le début. C’est très important pour moi de voter, c’est très important aussi pour le pays » déclare quant à elle Mariam, 37 ans.
Le scrutin est historique à plus d’un titre, s’il est le premier depuis la chute de l’ancien régime, il marque aussi l’arrivée des femmes aux urnes. À l’école Omar Makram, dans le quartier de Choubra au Caire, Mona Abdel Moneim fait partie de ces femmes qui n’avaient jamais voté avant aujourd’hui. « Avant, voter ne servait à rien», confie-t-elle à l’AFP.
Un scrutin sous tension
Un scrutin historique donc, mais fortement perturbé par une contestation du pouvoir militaire actuellement au pouvoir. Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont fait 42 morts en quelques jours et plus de 3 000 blessés.
(Avec AFP)
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